Inter… quoi ? IN-TER-SEC-TIO-NNA-LI-TE, je te dis ! Ce mot est bien complexe et souvent employé dans le débat public. Pour vous, on essaye de le décrypter le plus simplement ici.
Partons du constat que nous avons conscience des discriminations que les femmes subissent ou encore dont les Français d’origine étrangères ou les homosexuels sont victimes. Mais que fait-on des situations spécifiques des femmes migrantes ou des hommes d’origine algérienne homosexuels ? De nos jours, l’intersectionnalité est donc l’objet de débats militants.
Qu’est-ce que l’intersectionnalité ?
L’intersectionnalité est un concept visant à mettre en lumière la pluralité des discriminations liées à la classe, au sexe et à la race.
Le concept de l’intersectionnalité est ainsi de montrer que la domination est plurielle et tente de mesurer l’impact des discriminations multiples (de sexe, de classe, de race, de handicap, d’orientation sexuelle et bien d’autres) qui se croisent et se cumulent pour un même individu.
L’origine du concept de l’intersectionnalité
C’est une juriste féministe américaine, Kimberlé Crenshaw, qui conceptualise une idée issue du black feminism américain à l’origine du concept d’intersectionnalité. En 1989, elle tente de comprendre pourquoi les femmes noires ont du mal à faire reconnaître par la justice les discriminations qu’elles subissent au travail.
En droit américain, les victimes de discrimination doivent choisir entre le sexe ou la race par exemple comme fondement de discrimination sur lequel elles vont engager leurs poursuites. Cette contrainte est donc désavantageuse pour les Noires, explique Kimberlé Crenshaw. Les femmes noires ne sont donc pas discriminées comme femmes, ni comme Noires. Elles sont discriminées comme femmes noires. L’intersectionnalité sert à mettre en lumière cela : révéler la spécificité de situations souvent invisibilisées.
Rapidement, l’intersectionnalité s’exporte et devient davantage employée par les sociologues. Répandue internationalement, cela fait l’objet aussi d’un malentendu. A la base issu d’une critique du droit américain, il est délicat de transposer tel quel le concept d’intersectionnalité dans d’autres pays. Pour exemple en France, l’intersectionnalité est devenu un mot-clef pour désigner les interactions plus générales entre le genre et d’autres situations de discrimination.
L’approche intersectionnelle
En France, l’approche intersectionnelle débarque dans les années 2000. Comme dit l’historienne Florence Rochefort : « l’intersectionnalité a permis de penser de manière plurielle la domination masculine ». Et la domination tout court… traditionnellement étudiée comme un rapport de classe en France.
Venue du militantisme féministe noir américain, l’approche intersectionnelle agite à nouveau depuis plusieurs années les milieux militants féministes entre les féministes dites “intersectionnelles” et les “universalistes”. En effet, une nouvelle génération de féministes peut reprocher aux anciennes de ne pas s’ouvrir suffisamment aux problématiques raciales et culturelles.
Pour certaines féministes blanches, l’intersectionnalité semble évidente pour la lutte contre l’homophobie ou les droits des femmes en Occident, cependant comme a dit Rokhaya Diallo «On ne peut pas considérer que toutes les femmes sont blanches».
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